C’est une des photographes contemporaines les plus respectées, c’est aussi une de mes photographes préférées, je ne pouvais donc pas rater l’expo Annie Leibovitz : A photographer’s life, 1990-2005 à la Maison Européenne de la Photographie (MEP).
The White Stripes par Annie Leibovitz
Cette expo, initialement créée et organisée à Paris par le Brooklyn Museum de New York est très proche du livre d’Annie Leibovitz du même nom : « A photographer’s life, 1990-2005 » (« La vie d’une photographe »). Comme son nom l’indique, seule cette période est couverte. Trois thématiques, non séparées, sont proposées :
– photographies personnelles, ses parents, ses enfants et surtout sa compagne, la romancière Susan Sontag,
– des portraits, de stars de ciné : Nicole Kidman, Brad Pitt, Stallone, Jim Carrey, Scarlett Johansson… ou des portraits officiels, de Bill Clinton à George Bush en passant par la reine d’Angleterre,
– des photographies de paysages en très grands tirages.
Nicole Kidman, New York, 2003
D’abord, ce choix d’Annie Leibovitz de mélanger photos personnelles et photos de commandes est à mon avis, dans ce cas précis, plutôt raté mais certainement un sujet de réflexion intéressant sur la photographie. La deuxième question qui me vient à l’esprit en voyant cette expo est « que fait la valeur d’une photo ? ». Est-ce la sophistication par la maitrise technique et la mise en scène, le sujet lui même, l’adéquation des deux ? C’est un des aspect les plus intéressants du travail d’Annie Leibovitz : alors que certains clichés sont d’un esthétisme et d’une sophistication extrême (la reine d’Angleterre, les White Stripes, ses photos de pub, non présentes ici) d’autre sont des photos de reportage (dont une d’un blessé sur un lit d’hôpital difficile à regarder) qui sont à mon avis moins fortes ou des photos personnelles, parfois réussies, d’autres qui m’ont semblé anecdotiques et sans grand intérêt ou des portraits de stars parfois prisent à leur insu au cours d’une séance en studio.
Est-ce que les portraits de Robert de Niro, Brad Pitt ou Jim Carrey seraient aussi marquants si à leur place posaient de parfaits inconnus ?
L’expo se termine sur des photos de son père mourant, émouvantes et dérangeantes pour leur côté intime et « voyeuriste ».
Cette exposition, pourtant organisée par des spécialistes m’a fortement déçue par sa scénographie : des photos en très grands formats dans un espace étroit sans recul et donc ne permettant pas de profiter de ces tirages ; des photos très mal éclairées (dans la dernière salle en particulier) nous obligeant à voir la photo en plusieurs fois pour éviter les reflets…
Enfin, mais là on était prévenus, je regrette de ne pas voir des photos plus anciennes, par exemple ses photos (dont certaines en live) de la tournée des Rolling Stones en 1975, où la photographe n’a pas hésité à prendre les membres du groupe dans un état de défonce avancée, sans compromis donc ou encore certaines photos de pub bluffantes ainsi que certains de ses portraits qu’elle a réalisé pour son livre « Women » d’une force inouïe.
Drew Barrymore par Annie Leibovitz (non présente dans l’expo.)
Finalement, pour ceux qui ont les moyens, son livre « A photographer’s life » est peu-être un meilleur investissement que les 6 € dépensés pour cette expo…
Et pour voir le travail de sa séance photo faite avec la reine d’Angleterre, c’est ici.
L’expo est visible jusqu’au 14 septembre 2008.
[dz | 943486]
Je suis allée voir cet expo, et pour le coup j’ai vraiment aimé.
J’avais déjà le livre « A Photographer’s life », et voir les mêmes photos en grand format dans l’ambiance d’une expo change tout. Ca prend une toute autre dimension. Et puis le mélange des photos de stars avec des photos plus personelles est une manière de montrer qu’Annie Leibovitz est vraiment amoureuse de son appareil photo, et qu’elle prend un énorme plaisir à photographier son entourage. Bref, bien plus qu’un métier, c’est la passion de sa vie.